Roger SCHANDALOW est originaire d'une famille russe de confession juive non pratiquante arrivée en France vers la fin du XIXᶱ siècle. La famille qui fuit les persécutions et les pogroms à l'Est est attirée par le pays des droits de l'homme.
Il est né le 24 mars 1915 au pied de la butte Montmartre et obtient, en 1926, avec sa famille, la nationalité française.
Sa scolarité se déroule dans son quartier du IXe arrondissement de Paris. Ne voulant devenir tailleur comme ses parents, à l'âge de 14 ans, il quitte son lycée pour travailler comme apprenti chez un agent de change à la Bourse de Paris.
En 1936, il se rend au Bataillon de l’Air 138 à la Base Aérienne de Metz-Frescaty pour y faire son service militaire. Pendant 2 ans, il va régulièrement prendre le train entre les gares de Paris-Est et Metz. A l'époque, il observe que ce train ralentit toujours dans le sens Paris-Metz sur une portion de ligne en Meuse (au nord de Ligny-en-Barrois, dans le secteur de Lérouville) et cela, en raison d'une pente. Ce détail s'est avéré déterminant dans les années qui ont suivi.
La déroute de l'armée française face à l'Allemagne en mai-juin 1940 met fin à la IIIᶱ République. Les parlementaires présents à Vichy donnent les pleins pouvoirs à Pétain. L'Etat français met en place un statut des Juifs qui les exclut de la société. Le régime de Vichy collabore avec l'Allemagne.
Arrêté par la police française au début novembre 1941 suite à une dénonciation, puis remis aux autorités allemandes, il est écroué à la prison du Cherche-Midi puis transféré à la Centrale de Clairvaux, section des politiques, en janvier 1942. Finalement, le 15 juillet 1942, la veille de la rafle du Vél d'Hiv, il est transféré à Drancy.
Il fait partie de l’équipe qui creuse, à partir de septembre 1943, en secret, un tunnel pour faire échapper les internés. Au début de ce projet, l'équipe compte 7 hommes puis, rapidement, passe à une quarantaine. La galerie, haute d'environ 1 mètre 30 et large de 80cm est étayée avec le bois des lits. La terre extraite est dispersée et tassée dans les caves voisines avec toute la discrétion nécessaire.
A la veille du 11 novembre 1943, date prévisionnelle de l'évasion, les nazis découvrent le tunnel et une tenue laissée par un interné. Maltraité, celui-ci livre 13 noms en prenant soin de ne pas donner ceux ayant une famille dans le camp. Roger SCHANDALOW fait partie de cette liste. Torturé et emprisonné avec les 12 autres membres de son équipe pendant 10 jours, il se voit obligé par les Allemands, de reboucher le tunnel au ciment (37 mètres avaient été creusés, il ne manquait que 3 mètres pour arriver à la sortie).
Le 20 novembre 1943, lui et ses camarades du "Tunnel" sont déportés ensemble dans le même wagon du convoi n° 62 en direction d’Auschwitz. A bord du wagon, les artisans du tunnel de Drancy réussissent à imposer aux autres déportés du wagon leur choix de s’évader.
Profitant de sa connaissance du secteur (ses allers retours Paris-Est / Metz pour son service militaire), Roger SCHANDALOW fait ainsi partie des quelques déportés évadés qui sautent du train lorsqu'il ralentit dans la côte dite de "Lérouville".
Avec son camarade Claude ARON, ils errent dans la campagne meusienne plusieurs nuits avant d'arriver à Void-Vacon chez un Meunier qui les accueille et les invite à se présenter à la famille d'Alfred PINCK, boulanger de la ville de Vaucouleurs (Meuse).
Alfred PINCK, se révèle être ... le Chef de la résistance du secteur de Vaucouleurs (ce qu'a ignoré Roger SCHANDALOW jusqu'à la fin de la guerre).
Des photos sont faites à Chalaines pour de faux-papiers. Les deux évadés rejoignent Neufchâteau où ils sont pris en charge par un ami boulanger à Alfred PINCK
(pour davantage de détails voir le livre "Les résistants du secteur de Vaucouleurs, leurs actions de juin à septembre 1944, édité à compte d'auteur en 1999 par Francis PETITDEMANGE).
Munis de leurs faux-papiers, Roger SCHANDALOW et Claude ARON parviennent à rejoindre Lyon le 1er décembre 1943 par une filière de cheminots. Claude ARON s'engage ensuite dans la Résistance. Arrêté, il est de nouveau déporté vers Auschwitz.
Roger SCHANDALOW réussit à retrouver ses parents et travaille dans une ferme à Aiguillon (Lot et Garonne) jusqu'à la libération,
A la Libération, Roger SCHANDALOW est retourné à Paris vivre chez ses parents dont l’appartement, contrairement à beaucoup de familles juives, est resté intact grâce à leur concierge.
Régulièrement il est allé à l’hôtel Lutétia voir si, parmi les listes des personnes survivantes, des membres de sa famille ou des amis étaient mentionnés. Il apprend, en retrouvant des amis de Drancy, que son camarade Claude ARON a péri à Auschwitz et que Monsieur PINCK, arrêté par les Allemands en juin 1944, est décédé de ses blessures infligées par les interrogatoires Allemands et sa tentative de suicide dans la prison à Nancy.
La vie professionnelle de Roger a repris à la Bourse de Paris.
Avec le procès Barbie en 1987, et l’émoi provoqué dans les médias, des fondations comme le Yad Vashem à Jérusalem, ont pris en charge l'enregistrement de témoignages de survivants de la Shoah afin que la Mémoire survive. Des interviews filmées ont été tournées chez Roger SCHANDALOW, chez ses amis et même à Drancy pour diverses émissions de télévisions françaises ou étrangères.
La rencontre entre Henriette DODO et Francis PETITDEMANGE (alors professeur d'histoire au collège à Vaucouleurs), puis la demande d'Henriette DODO à Roger SCHANDALOW pour venir témoigner devant les élèves du professeur,
amène Roger SCHANDALOW à raconter son histoire. C'est son amie Francine MOREAU qui réalise l'écrit de l'histoire de Roger en 1992. Roger SCHANDALOW vient témoigner cette même année au collège "Les Cuvelles" de Vaucouleurs.
Un témoignage qui permet à des élèves de 4ème et 3ème de participer au Concours National de la Résistance et de la Déportation.
Le témoignage de Roger SCHANDALOW sert également à déclencher l'enquête préliminaire permettant à M. Alfred PINCK, sa femme Lucie et leur fille Henriette, d'obtenir, le 27 mai 1996, le titre de "Juste parmi les Nations" par l'Etat d'Israël. Cette Médaille des Justes, créée en 1963, est la seule émise par l’Etat d’Israël pour honorer ceux qui, parmi les non-juifs, ont sauvé des juifs au péril de leur vie.
Roger SCHANDALOW estimait qu’il était né une deuxième fois grâce à la famille PINCK ...
Roger SCHANDALOW est décédé en 2002.